Les Douze Heures du Fromage sont nées d’une conversation entre un courtier en fromage vau-de-reu et un enseignant imaginatif, tous deux membres d’un club-service.
La conversation se déroule ainsi après une kermesse estivale pluvieuse et décevante :
– Y aurait bien le fromage, dit l’un.
– Quoi le fromage ?, dit l’autre.
– Je peux obtenir des fromages à déguster sous toutes les formes : fondue, raclette. Que sais-je ?
– A midi, au goûter, le soir, de jour et de nuit ?
– C’est peut-être un peu long à gérer… et à digérer !
– Ce serait un marathon ou mieux Les 24 Heures du Fromage, on fait bien Les 24 heures du Mans en automobile.
– T’es fou ! Mais essayons déjà Les Douze Heures du Fromage.
Les Douze Heures du Fromage, ce sont… des appuis dans différents domaines.
Le meilleur dessinateur de presse habite le Val-de-Ruz, il crée une affiche qui met en scène le duo du banc, connu des lecteurs de L’Impartial. Vous avez reconnu le regretté Jean-Marc Elzingre.
D’emblée d’excellents groupes musicaux offrent leur prestation : les copains du VDR Stompers qui font du jazz, ainsi que les membres du Magis Jazz Combo qui créent même un disque pour l’occasion, vendu au profit du l’œuvre.
Toutes les sociétés de musique et chant du district se produisent, les accordéonistes en groupe ou en solo, les groupes folkloriques. La danse est à l’honneur avec Ceux de la T’Chaux, groupe de danses folkloriques ou le Tic-Tac Rock Club.
Une seule chose reste immuable : le fromage, en fondue ou en raclette ! Le coup d’blanc quand il fait soif !
A quand toutes les régions de Suisse productrices de fromage en costumes traditionnels ?
En effet, d’autres amis fidèles viennent chaque année en costume fribourgeois pour égayer la salle alors qu’au début de la série des Douze Heures, un faux moine de Bellelay a fait déguster de la tête de moine avant l’invention de la girolle ! Les fleurs de fromage étaient raclées au couteau. Une découverte pour le Val-de-Ruz à l’époque.
Un oubli qui aurait pu être préjudiciable
Parmi les petits couacs, il convient de signaler l’oubli de l’un des responsables de réserver la halle de gymnastique de Cernier, à l’époque siège des Douze Heures. Il est trop tard pour faire l’édition en hiver, il n’y a plus de dates disponibles. Qu’à cela ne tienne, on maintient la tradition, mais en avril ! Il fait chaud et les effluves odoriférantes de fromage envahissent le Val-de-Ruz. Toutes nos excuses aux proches voisins qui ont sans doute dû enfiler un masque à gaz pour survivre !
En d’autres circonstances, ce sont l’état des routes, le gel et le verglas, ou la neige qui peuvent influer sur la fréquentation. Mais il faut le dire tout de go, le vau-de-reu est fidèle car il est incombustible, insubmersible, courageux et fidèle en amitiés… du gel matinal au « dégel nocturne » !
Et le Kiwanis et le Lion’s inventent la roue après les Sumériens…
Dès les premières éditions, le but avoué est de faire de l’argent. La roue des millions traditionnelle et ses cent numéros devient obsolète. Quelques membres imaginent d’en faire une avec deux cents numéros. Un gain appréciable car on « se battait » presque pour acheter les précieux billets. Aujourd’hui la tombola a remplacé la vénérable roue.
En route pour le million…
Ainsi en 35 éditions, il aura été distribué au Val-de-Ruz plus d’un demi-million de francs pour les enfants, les adolescents, les aînés, les groupements, les sociétés locales et régionales, sur les plans social, culturel, associatif, etc.
Merci aux centaines de bénévoles d’un jour ou de toujours qui se reconnaîtront dans ce mot de gratitude. Merci à la population qui nous fait confiance depuis 1982 ainsi qu’aux invités extérieurs qui prennent la peine de nous soutenir.
Que n’a-t-on tenu des statistiques !
Qui pourra dire combien de tonnes de fromage ont été servies à ce jour ? Combien d’hectolitres de vin ont humecté les gosiers secs ? A la Chandeleur, on y a mangé des crêpes. De fait, la douceur de l’âme vau-de-reuse se mesure aux kilomètres de pâtisseries ingurgitées à cette occasion
Un écho hors de la vallée
Pendant de nombreuses années, RTN 2001 nous a soutenus en déléguant un animateur sur place pour donner le récit de l’ambiance à La Rebatte, à Chézard-Saint-Martin. Bons mots, concours avec des prix, informations diverses sur le produit-phare de la journée : le fromage ! Gratitude aussi aux rédactions de presse, aux journalistes qui accueillent nos « papiers », qui écrivent des articles, des comptes rendus, d’année en année.
Au niveau de la publicité, la fidélité des annonçeurs est à souligner : sur les sets de tables, les bâches publicitaires dans la salle, etc. La commission innove chaque année.
Un grand progrès a été fait dans l’annonce de cette manifestation en plaçant des banderolles aux endroits stratégiques du Val-de-Ruz.
Ce qui a changé depuis les débuts !
Le professionnalisme des volontaires, l’affluence et l’engouement du public ont transformé cette rencontre annuelle. Quiconque aurait des velléités de renoncer à l’organisation des Douze Heures du Fromage se ferait tancer par la population.
En revanche, monter sur scène et parler à toute l’assemblée est devenu impossible ; le silence est devenu trop difficile à obtenir, donc pas de discours, pas de chant a cappella, pas de conteur ou de conteuse… les Douze Heures sont devenues une manifestation sur une place publique fort animée.
Texte de Maurice Evard, co-fondateur de la manifestation